Dans son plus jeune âge, vivant à la campagne, ce sont les animaux qui l’ont fasciné. Très vite il se mit à illustrer les fables de la Fontaine. Nous retrouvons souvent dans ses dessins ce rappel à l’animal comme si Jean de la Fontaine l’habitait toujours.
Quand la guerre éclate, Maurice de la Pintière est étudiant aux Beaux-Arts à Paris, et il tient en sous-main une chronique particulièrement mordante sur l’actualité politique. Il entre en Résistance et est arrêté le 23 juin 1943 alors qu’il tente de rejoindre la France libre. Étiqueté du matricule 31.115, il a vécu deux années d’enfer à Buchenwald et Dora.
« Dans cet enfer sordide, c’est l’art […/…] qui me permet d’échapper un peu, le temps d’une respiration, à l’atmosphère intolérable des sous-sols. En août 1944, un kapo surnommé « La grenouille », me désigne avec d’autres camarades pour peindre le Block 13, puis la cantine. […/…] J’en profite pour immortaliser des scènes humoristiques voire caustiques, dont les gardiens, fort heureusement, ne saisissent pas toujours le sens. Ainsi le micro par où sont transmis les ordres de l’Arbeit Statitick devient la bouche du diable. Les nains qui l’entourent se bouchent les oreilles, pleurent et bâillent. C’est ma manière de résister. »
Source et bibliographie :
« Un chemin de déporté – Des ténèbres à la lumière » Maurice de la Pintière - Avril 2005 – Centre vendéen de recherches historiques, 87 rue Chanzy, 85000 La Roche-sur-Yon – ISBN 2-911253-24-8
Avec l’aimable accord de son fils Bruno de la Pintière.
Visitez la galerie Maurice de la Pintière sur ce site avec son carnet de caricatures faites avant son arrestation.
En 2016, Bruno de La Pintière décide d’offrir un jeu de reproductions en photographie argentique des lavis réalisés par son père.
La série « Dora la mangeuse d’hommes », en lavis noir et blanc, a été réalisée très vite « à chaud », en 1945. Le village de Vouvant (85) a critiqué l’action de Maurice de La Pintière en lui reprochant de les avoir mis en danger en faisant de la Résistance. « J’ai souffert que l’on me croit ou pas sur ce que j’ai enduré. L’histoire me dira si j’avais tort ou raison ! ». Maurice de La Pintière décide alors « de coucher sur papier » son témoignage en 35 lavis : « l’horreur ordinaire des camps ! », un exutoire aussi [1].
Deux jeux de 35 lavis sous forme de reproductions photographiques à l’échelle 1 ont été commandés par Maurice de La Pintière et documentés manuellement à la mine de plomb. Un jeu a été donné [2] par son fils l’Association des amis du musée de la Résistance de Châteaubriant (AMRC) le 25/10/2016.
Les dessins originaux ont été confiés aux sœurs catholiques qui en on fait un recueil dont la couverture est faite du tissus du calot de déporté de Maurice de La Pintière.
Visitez la galerie Maurice de la Pintière sur ce site : Dora, la mangeuse d’Hommes.