L’horreur est en plus dans la coïncidence ; demain, et pour la première fois dans notre histoire, depuis la victoire sur le nazisme, soit l’extrême droite, c’est la Journée nationale de la Résistance !
Il semblerait qu’une frange de français ait la mémoire courte !
Pour le rôle de la classe ouvrière dans la Résistance, rappelons ce que François Mauriac écrivait dans « Le cahier noir » en août 43 aux Éditions de Minuit :
« ... Les martyrs rendent témoignage au peuple. Seule la classe ouvrière dans sa masse aura été fidèle à la France profanée. A l’heure où j’écris, (novembre 1941) tant d’autres Français sont mus par une passion élémentaire : la peur ! Ils ne l’avouent pas, rendent au maréchal un culte d’hyperdulie, invoquent Jeanne d’Arc, mais dans le secret, tout pour eux se ramène à l’unique nécessaire : sauver leurs privilèges... ».
Aujourd’hui il doit se retourner dans sa tombe en voyant qu’il s’agirait d’une majorité de cette classe ouvrière qui a voté FN [1] !
Rappelons-nous aussi de ceux qui dès Munich disaient « plutôt Hitler que le Front Populaire »...
Quant aux droits démocratiques et sociaux, il faut absolument lire et/ou relire le « programme du Conseil National de la Résistance [2] » (CNR). Le 27 mai 1943 fut créé le CNR. C’est le 15 mars 1944, en pleine lutte du peuple de France contre ses oppresseurs d’extrême droite que le CNR adopta unanimement ce programme.
Droits démocratiques, nationalisation des atouts industriels, énergétiques et bancaires, législation sociale avancée (sécurité sociale, retraite, etc.)... qu’il décidait d’appliquer alors sont aujourd’hui attaqués.
Aussi, le droit de vote des femmes fut adopté tout de suite après la Libération sous l’impulsion de Fernand Grenier, résistant communiste, le 21 avril 1944.
Ces acquis, durement payés et par le sang souvent, ont été offerts au lois du capitalisme par les gouvernements successifs pour l’enrichissement d’une poignée d’individus au détriment de tous.
N’y a-t-il pas là une explication à cette volonté de gommer cette partie capitale de notre histoire par un repli sur soi ?
Demain le Comité du Souvenir en Loire-Atlantique [3], comme d’autres associations [4] présenteront une exposition rappelant les actes de résistance des hommes et des femmes de notre pays, mais aussi par les immigrés ! Je me permets d’emprunter leur conclusion pour en faire mienne :
« En ces temps de régression sociale, les luttes d’aujourd’hui contre la casse de la protection sociale et des retraites, contre la baisse du pouvoir d’achat des salariés et des retraités et pour l’emploi sont le prolongement du combat de ceux et celles qui se sont engagés dans la Résistance pour une France de Liberté, de Progrès social, de Paix, de Tolérance, de Solidarité. »
Patrice MOREL
Lundi 26 mai 2014