Régénérer le Parti Communiste Français : les forces existent
Par André GERIN - le 18 septembre 2008
Nous avons remporté une première victoire : une majorité de communistes s’est prononcée pour le maintien du PCF, lors de l’assemblée générale de décembre 2007. Cette majorité préfigure une unité nouvelle du parti. Unis, nous devons l’être pour rompre avec une stratégie d’échec. Unis, nous devons l’être pour en finir avec des orientations qui privilégient à tout prix les alliances gouvernementales et qui nous placent en toutes circonstances sous la dépendance du Parti socialiste. Unis, nous devons l’être pour réfléchir comment sortir du chemin mortifère de l’aménagement du capitalisme, pour imaginer des actions qui conduisent le peuple de France à transformer la société.
Le 34ème Congrès doit dire clairement non à une stratégie de dilution du PCF. Nous devons tirer les leçons des périodes de 1981 à 1984, de 1988 à 1993, 1997 à 2002 pour ne pas recommencer ce qui échoue et qui a fait tant de mal au monde du travail, à la France.
Les communistes ne veulent pas s’entendre dire : ça n’a pas marché une fois avec le Parti socialiste, ça n’a pas marché deux fois, mais ça marchera la troisième, en 2012 ! Ils ne veulent ni de la méthode Coué ni de la fuite en avant électoraliste. Ils ne veulent pas que leur histoire se termine en tragédie. Au contraire, ils veulent vivre tous les rebondissements de la vie et voler de leurs propres ailes.
Ils ont eu l’avant goût de cette liberté : les résultats des élections municipales et cantonales de mars 2008. Ce n’est pas l’équipe dirigeante qui a gagné presque 10 % à ces élections, ce sont les militants, leurs candidats locaux, les élus sortants qui l’ont emporté. Rappelons-nous, aussi, les résultats aux régionales de 2004 dans le Nord Pas-de-Calais, la Picardie et la région Centre. Les leçons sont toujours à tirer.
Si la majorité des communistes veut garder le PCF, c’est pour décider d’un projet et d’une stratégie communistes. Il y a les fondamentaux : l’exploitation de la force de travail – salaires, prix et profits –, les conflits de classe à l’échelle locale et à l’échelle mondiale, le « Capital » de Marx, qui n’a rien perdu de sa pertinence. Et il y a le bouillonnement des idées au sein du parti ainsi que parmi les dizaines de milliers de communistes qui l’on quitté, sur ce que peut et doit être le communisme au XXIème siècle, partant de l’expérience, de la culture et de l’imaginaire de chacun.
Les communistes veulent des engagements, ils veulent la prise en compte des débats dans les fédérations et les sections. Nous devons aboutir à des décisions assumées, impulsées collectivement pour en finir avec la cacophonie lassante des dirigeants. L’avenir se forgera dans le débat contradictoire, la qualité du respect de la diversité des opinions. C’est la seule façon d’assurer une résonance nationale et internationale aux idées communistes.
Retrouvons une cohérence dans notre expression publique sans perdre le fil de notre diversité. Cela permettra à des millions de salariés de trouver leur point d’accroche avec nous, de comprendre où nous voulons aller, de partager le sens de notre combat. Cela permettra aux dizaines de milliers de communistes adhérents ou sans carte de trouver, chacun, leur point de ralliement.
Redonnons de la cohérence théorique à notre réflexion pour l’efficacité politique. Affirmons, le front haut, qu’il est possible, dans un pays capitaliste développé comme la France, de présenter le communisme comme une perspective pour sortir de la gangrène planétaire d’un capitalisme cynique et sans pitié, de l’impérialisme de la finance.
Nous voulons moins que jamais abandonner l’outil et renoncer au renforcement du PCF. Dénonçons une pédagogie du renoncement militant alors que nous avons des bases militantes originales sans équivalent, des milliers d’élus, des municipalités où des gens et des jeunes adhèrent à nos initiatives.
Le moment est venu de voir grand et d’oser, les yeux grand ouverts, l’engagement communiste. Le peuple de France n’a pas besoin d’alternance, mais d’une autre société, d’un autre modèle économique basé sur la fin de l’exploitation de l’Homme par l’Homme.
Mettons fin à une union exclusive, étriquée et désormais sans contenu de transformation avec un PS qui assume complètement l’abandon du combat pour le socialisme et l’abandon de la lutte des classes. Ressourçons-nous avec gourmandise dans l’histoire glorieuse d’un PCF qui a su faire naître une passion française du communisme, en osmose avec le mouvement ouvrier, démocratique et social.
Nous pouvons affirmer plus que jamais que ce capitalisme qui porte le désastre relève de la préhistoire de l’humanité. Nous vivons une époque où les défis de la faim, de la misère, de la pauvreté portent l’exigence d’une nouvelle civilisation mondiale où la question du communisme et d’un nouvel internationalisme a toute sa place. Depuis la chute de l’URSS, le monde a beaucoup changé ouvrant des perspectives nouvelles. Des peuples résistent et explorent des voies originales d’alternative au capitalisme. Les valeurs et les idéaux du socialisme et du communisme sont renaissants.
L’exploitation atteint une férocité inégalée qui plonge 90 % de l’humanité dans l’inégalité, tandis que les ogres de la finance cultivent leur miel profitable des guerres et des cataclysmes sur tous les continents.
Nous avons besoin d’une explication franche entre communistes, pour lever les verrous installés depuis plusieurs congrès. Proposons aux Français une orientation claire et nette, une stratégie électorale cohérente et un PCF qui retrouve son autonomie et ses couleurs avec un leader et une équipe dirigeante légitime pour les porter.
C’est la survie du PCF qui se joue. Redéfinir notre identité communiste, notre stratégie : le communisme, réinventer le PCF en se régénérant sur notre doctrine et l’élaboration programmatique. Nous en avons les forces, le potentiel, les bases populaires.
Le PCF peut créer la surprise et être la force politique d’avenir.