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Proposition
Une façon de voir
La continuité

Proposition

Je me propose d’étudier l’image, et principalement la photographie à travers ses différents supports médiatiques.

Certaines images sont faites avec pour objectif un sujet précis d’illustration, d’autres pour l’esthétisme, l’évènementiel, le souvenir, etc. Leur point commun est d’être vues.

Je souhaiterais que mon champ d’études porte sur l’image politique, non seulement dans son sens " politique politicienne ", mais aussi dans le sens étymologique du terme, soit " vie de la cité ".

Les espaces relationnels qui peuvent exister entre le photographié, l’image, le photographe et le spectateur seraient mon support.

Une façon de voir
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" De l’œuvre d’art Kant disait que sa force résidait dans le fait qu’elle " donnait à penser ". Donner à penser pour ensuite, peut-être, réactiver le politique : voilà qui, somme toute, n’est pas rien et pourrait constituer la définition même du documentaire engagé. "1

Œuvre d’art et documentaire paraissent être antinomiques dans l’imaginaire collectif. L’œuvre d’art se perçoit en rapport à l’esthétisme, quant au documentaire, il se rapporte à l’illustration à finalité éducative. En acceptant cette idée, nous organisons une société d’ordre, où chaque chose aurait sa place, et chaque place sa chose.

Pourtant cela ne correspond pas au quotidien. Le statut de l’image change selon le contexte dans lequel elle est placée. Par exemple, la publicité télévisuelle ou cinématographique est classée dans l’œuvre d’art dans le cadre du festival " Les Minerves de la publicité " ; la photographie est sortie des journaux avec les remises de prix du " World Press " et ses expositions ; et l’œuvre d’art devient illustration de texte dans les magazines spécialisés.

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De même le statut de l’image change selon la démarche de l’auteur. Par exemple, Barbara Kruger, artiste engagée et pratiquant le photomontage : elle allie le documentaire et l’art pour en faire une œuvre d’art. Elle s’empare de supports, les agence et ajoute cette " légende ", que l’on trouve habituellement au regard des illustrations de presse, au sein même de l’œuvre. Elle amène le spectateur à être acteur lui-même de l’œuvre par le questionnement, soit l’interpellation (par exemple dans son œuvre " Untitled " (Pourquoi êtes-vous venu ici ?) 1990 elle l’a justifié lors d’un interview par Quand je vais au musée, ce qui n'est pas très souvent le cas, j'ai toujours envie de demander aux gens " Pourquoi êtes-vous venu ici ? "2). Elle utilise donc l’image comme objet de l’art.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde d’images qui s’entrechoquent les unes aux autres. La rapidité de transmission des images multiplie l’information. L’image est utilisée comme support politique majeur. Les reportages photographiques publiés sur la guerre du Vietnam ont été principalement à l’origine de sa perte. Nous revivons le même scénario, avec tous ces enjeux politiques, sur la guerre en Irak. La publication des photographies du retour des cercueils de soldats américains, puis actuellement les photos témoignant de la torture des prisonniers irakiens par les soldats anglais et américains se multiplient. La différence entre ces deux époques est celle d’une prise de conscience du pouvoir de l’image : Au Vietnam la censure n’existait pas. Depuis les journalistes sont canalisés, encadrés, et les images émanent de " fuites " dans les pouvoirs concernés. La portée de l’image n’est plus simplement informative mais politique.

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De la même façon les images politiques sont utilisées dans une logique mercantile. L’image du Che d’Alberto Korda est un symbole universel de la révolution. Déclinée dans tous les supports, traitée à la façon d’Andy Warrol, elle fait l’objet de convoitises capitalistes. Après une marque de vodka, c’est une marque de voiture : l’image est utilisée avec son idéologie et détournée de sa vocation politique en servant le capitalisme.

Sans vouloir restaurer une idée dadaïste ou néo avant-gardiste, il convient de rendre l’art au quotidien, d’en avoir une approche ouverte dans un espace relationnel. Le photographié (être vivant ou matériaux) est acteur de l’image.

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Tout ceci se débat dans un monde médiatique de plus en plus difficile à contrôler. Je pense notamment à l’internet qui a permis de raccourcir les temps de transmission, mais a aussi ouvert un nouvel espace relationnel par sa démocratisation. De plus, l’image numérique qui en découle, s’impose très fortement, reléguant ainsi l’argentique à " l’artistique ". La gamme des supports s’est élargie offrant ainsi encore plus de moyens d’expression.

La codification des photographies m’intéresse. Je cherche à leur donner un sens afin de pouvoir les diffuser au maximum et être réactif. De plus en plus, je m’oriente dans une façon de percevoir la photographie comme une prise de notes, un témoignage de l’instant, et du " ça peut servir ". Pour cela je suis toujours en possession d’un appareil photographique.

La création d’une base de données m’aide, mais la mémoire visuelle et les planches contacts papier se sont souvent avérées d’une plus grande efficacité. Reste que l’image numérique ne s’y prête guère et préfère rester dans son environnement informatique. Il me faut donc persister aussi dans la mise en place de bases de données.

Celles-ci peuvent prendre différents aspects : " privée ", c'est-à-dire à usage personnel ou " publique " pour une mise à disposition de tous (via la création d’un site web par exemple). La première fait appel à mes référents culturels, l’autre à des signifiants établis.

Au-delà de mes propres photos, il y a celles des autres, qui dans le cadre d’un journal par exemple, permettent d’enrichir la photothèque. Le lien qui peut exister avec les lecteurs/auteurs m’intéresse d’autant plus qu’il entre dans la relation voyeurisme/exhibitionniste. Mon projet est d’étudier la photo politique qu’elle soit exécutée par moi ou un autre pour tenter de savoir ce qu’elle ouvre comme perspectives relationnelles.

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Les photomontages permettent d’exploiter la photo comme un outil de l’image. Je pense notamment au monde de la politique où elles sont caricaturales (j’ai le souvenir de celle du Parti Communiste Français sur le charcutage électoral " avec Charles Pasqua et Jacques Chirac en 1986).

Aujourd’hui mon travail se situe dans la continuité, c'est-à-dire photographier mon environnement politique et social (je suis cheminot, et c’est un lieu de prédilection pour photographier les Hommes, aussi bien dans leur contexte de travail que dans leurs relations sociales), mais aussi la prise de vues et d’illustrations " (maquettiste d’un journal mensuel Le Manifeste ", je me trouve à présent confronter à un manque de photographies d’illustration pour les textes).

Au cours de mes divers reportages, la majorité de mes images se sont faites après un temps très long de " drague photographique " comme disait Claude Nori.

Reste à donner une valeur ajoutée à ces images. Leur place dans l’univers intellectuel. Ce n’est pas pour un quelconque plaisir snob, mais pour les situer et les donner à voir de la façon la plus juste, voire la plus vivante possible.

Dans cette continuité relationnelle, mon grand projet, serait de photographier toutes les personnes qui transitent ou travaillent à la Gare du Nord. J’imagine une quantité importante de portraits faits en numérique et exposés dans le lieu même de la gare des anonymes une fois la quantité atteinte. Cela prendrait l’aspect d’un grand panneau avec une phrase du type " J’étais là ! ".

Le lieu serait celui où " l’acte photographique " se déroulerait, les visiteurs en étant les acteurs. De plus, il n’est pas un espace ayant pour objet l’art, mais livré à toute une population diverse. Ma démarche se situerait par conséquent dans le cadre de mon étude des perspectives relationnelles de la photo politique.

 

1 baqué Dominique, " Pour un nouvel art politique, De l’art contemporain au documentaire ", Édition Flammarion, Paris, 2004, P. 34. Retour au signet
2 http://www.synesthesie.com/kruger/A/index.htm Le 07/05/2004. Retour au signet
3 Poster britannique 1974 lors d'un rassemblement d'homosexuels - Gervereau Laurent , " Histoire mondiale de l'affiche politique ", Édition France Loisirs, Paris, Oct. 1996, P. 159. Retour au signet
4 Collection personnelle. Retour au signet

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