Un 1er mai en place vide ?
C’est la première fois que je ne vais pas être dans la rue ce 1er mai 2020 avec les amis et pourtant les revendications ne manquent pas. Il n’est toutefois pas envisagé de laisser la place vide. Soit, celle de l’Amérique Latine à Saint-Nazaire risque de l’être, et tant mieux pour la protection de toutes et tous, mais, comme d’autres camarades de la CGT je ne laisserai pas celle des revendications dans le même état !
« L’imagination au pouvoir » scandait le mouvement de révolte de Mai 68 ; reprenons ce thème pour unir nos forces créatrices dans la lutte ; pour faire passer les messages !
Il est totalement scandaleux que les hôpitaux et la recherche aient besoins de dons pour sauver des vies pendant que les dividendes engraissent une poignée d’individus à la sueur des travailleurs.
Nicolas Sarkosy a volé la mémoire de Guy Môquet, Emmanuel Macron celle du programme du Conseil National de la Résistance (CNR). Ce président fait la sourde oreille quand les français revendiquent, laisse dans la tension permanente les soignants en les abandonnant à la marchandisation. Maintenant il découvre qu’ils servent à quelque chose et quand il promet « des jours heureux » c’est pour leur donner des miettes, c’est à dire une prime !
J’ai malencontreusement été aux urgences de Saint-Nazaire, côté non-Covid ; la tension est très palpable. Les couloirs et salles sont encore couvertes de slogans et autres affichettes « personnel en grève ».
Je revendique, comme une majorité de français, des moyens humains et matériels, avec des salaires à la hauteur pour tous les services publics, celles et ceux qui sont dans l’agro-alimentaire, du nettoiement, etc. La liste est en grande partie établie avec celles et ceux qui ne peuvent pas se confiner et sont « en première ligne » en y laissant parfois leur vie !
Il n’y a pas photo ?
D’habitude je fais des reportages photographiques aux manifestations. Cette année, c’est un 1er mai sans appareil mais plus que jamais je suis décidé à m’exprimer. Au regard du nombre de demandes de photos de manifestations et que j’ai pu satisfaire pour préparer cette journée, je pense qu’il va y en avoir beaucoup sur les réseaux sociaux… les serveurs informatiques vont voir rouge !
Comment avoir confiance dans un président et son gouvernement qui, sur le sujet du manque de masques, après aussi la fermeture d’une usine de fabrication en Bretagne, affirme que cela ne sert à rien d’en porter, puis change d’avis pour les soignants, puis maintenant le rend obligatoire dans les transports ? Que dire aussi d’un président qui affirme que « l’on est en guerre » et envoie en premier les enfants à l’école, soit « au front », en premier le jour du déconfinement, le 11 mai ?
Les rapaces sont déjà présents sur le marché pour faire du profit sur la vente des masques pendant que les bénévoles continuent à coudre dans les communes ! La mode est au rendez-vous !
Même confiné, comme beaucoup, le mot d’ordre est envoyé : par tous les moyens, avec des pancartes, des banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux, exprimons-nous ! Sortez vos drapeaux ! Le rendez-vous est donné à partir de 10 heures.
Si vous avez un animal de compagnie, vous pouvez le sortir ! Rien ne vous empêche de vous revêtir de votre chasuble syndical et un drapeau, tout en respectant les gestes barrière avec d’éventuelles autres promeneurs de chiens !
Défile en aiguille !
Cela fait une semaine que je bricole avec les moyens du bord : un mât de planche voile sera mon porte drapeau ; j’espère même y faire pousser un brin de muguet de deux mètres de haut avec des clochettes en ballons de baudruche aux sons de revendications pour les services publics. La tige sera un reste de gaine de câblage verte. Je défile en aiguille aussi avec de grandes feuilles cousues à la machine qui, hormis quelques masques, est ma première réalisation en couture ! L’armature sera constituée par des arceaux de tente. Cela sera festif et combatif si le vent me le permet ! Même sous la pluie je voie bien mon drapeau CGT flotter en harmonie avec celui bleu-blanc-rouge de la gendarmerie d’en face. Ils seront dans le même vent pour lutter à de vrais « jours heureux ». Ce ne sera pas un face-à-face, cela n’a jamais été un but, confiné ou pas. D’ailleurs, c’est aussi leur moment pour revendiquer le droit syndical pour leur corporation ! Je ne crois pas que les revendications manquent à l’appel.
J’aurais bien voulu aussi, comme banderole, mettre le long de ma clôture le texte du Programme du CNR [2], mais la météo me le déconseille ! J’invite les lecteurs à le lire ; vous serez étonnés qu’un si petit fascicule étaye tous les ingrédients pour le bonheur et la sécurité de tous, pour « les jours heureux » dont je mets le fac-similé en ligne sur mon site !
Il faut nous mobiliser maintenant, pour créer le monde de l’après-Covid sur l’idée simple de « l’humain d’abord » !
Transformons le monde de demain en un monde vivable, de justice sociale et écologiste.
le 28/04/2020 pour Ouest-France
Patrice MOREL – 63 ans
Cheminot retraité, adhérent à la CGT et à son Institut d’Histoire Sociale, au Centre d’Histoire du Travail (CHT) de Nantes, au Parti Communiste Français, à l’Association des Amis du Musée de la Résistance de Châteaubriant.
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